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A l’issue de la  cérémonie des obsèques de Joël Bosson, Monsieur le Maire de Publier Jacques Grandchamp prend la parole pour rendre hommage au maire adjoint et conseiller communautaire.

Cher Joel

Nous voici arrivés au triste moment de nous quitter, avec cette douleur d’un départ aussi inattendu, cruel et injuste. En moins de deux ans, au travers de notre engagement politique au service de la commune et de l’intercommunalité nous sommes devenus de véritables amis et je souhaiterais simplement témoigner aujourd’hui de tout ce qui a construit en si peu de temps cette profonde amitié.

Cette amitié a trouvé sa source dans de multiples points communs que nous partagions avec plaisir et avec une certaine nostalgie, il faut bien le dire:

Tu étais fils de gendarme, tu as donc vécu une première partie de vie familiale au grè des affectations de ton père, dans un contexte de vie collective en caserne avec ses bons aspects mais aussi avec ses contraintes, ce qui t’a fait évoluer dans l’ensemble du Chablais et prendre très tôt conscience des problèmes de société qui étaient le quotidien de ton père dans son métier de gendarme. Nous ne pouvions que nous comprendre tous les deux.

Tu étais un chablaisien expatrié, tu as donc multiplié les expériences professionnelles, gravissant tous les échelons dans le monde de l’entreprise, et vivant des expériences uniques dont tu as su retirer de nombreux enseignements et des impressions qui ne t’ont jamais quitté, qui t’ont même façonné : du désert sud tunisien en passant par le Sahara algérien aux pays du Moyen Orient aujourd’hui tragiquement martyrisés, l’Irak et la Syrie, sans oublier le golfe persique puis le Mexique, l’Amérique du Sud, l’ Espagne et enfin la Russie et l’Ukraine, tu auras été non seulement un véritable  globe-trotter mais surtout un ambassadeur de notre pays à l’étranger. Il n’était donc pas surprenant que tes deux fils Aurélien et Clément prennent ta relève à l’international, l’un en Côte d’Ivoire, l’autre en Espagne, ces deux pays dont tu nous parlais régulièrement, avec une légitime fierté sur l’engagement de tes deux fils. Il n’était pas étonnant non plus que nous évoquions souvent notre vision du Chablais à partir de nos responsabilités aux divers échelons que nous avions connu, toi dans le monde de l’entreprise, moi dans le monde des services de l’Etat, avec une analyse et une  convergence de vue spontanée et naturelle. Nous ne pouvions que nous comprendre tous les deux.

Tu étais enfin entrepreneur c’est-à-dire courageux et travailleur infatigable, car il en faut du courage pour créer du travail, pour organiser des structures, pour se remettre en question sans cesse, pour obtenir les résultats attendus contre vents et marées, pour imaginer des solutions aux problèmes, avec en permanence le souci du facteur humain qui te caractérisait si bien. Nous ne pouvions que nous comprendre tous les deux.

Si je devais t’identifier en ce moment à une lettre de l’alphabet, çà ne serait par le J de Joel çà ne serait pas le B de Bosson, mais çà serait le P

  • Le P de professionnel. Professionnel tu l’as été toute ta vie, aussi bien dans des fonctions d’enseignement, que de directeur de société, de chef de projets industriels à l’international, d’élu communal et communautaire.
  • Le P de passion. Passionné tu l’as été dans tous les projets que tu as porté dans le monde de l’entreprise et nous avons pu le mesurer tout autant dans ton engagement politique au service de la commune, d’abord en qualité de conseiller d’opposition puis en qualité d’adjoint et de conseiller communautaire. Tu l’étais encore lundi soir, à nos côtés, quelques heures avant ton départ pour argumenter en conseil communautaire sur des dossiers essentiels pour la commune de Publier. Cette passion elle transparaissait également dans ta capacité de t’indigner, cette vertu indispensable et hélas trop rare lorsqu’on s’engage en politique au service de nos concitoyens
  • Le P de performance. Dans tous les dossiers que nous avons eu à travailler avec toi nous avons ressenti ton souci incessant de trouver le meilleur projet pour l’intérêt de tous, chacun de ces dossiers étant traité comme un véritable challenge personnel, ce goût pour les défis qui était ta marque de fabrique et ton moteur dans l’action
  • Le P de persuasion, tu savais défendre inlassablement tes points de vue avec des raisonnements de bon sens et des arguments solidement étayés et irréfutables
  • Le P de précision ou de perfectionnisme, tu ne supportais pas les approximations, les idées toutes faites, les analyses superficielles
  • Le P de pédagogue ou de passeur, soucieux de transmettre tes savoirs aux plus jeunes avec la sérénité et la sagesse de l’homme expérimenté que tu étais
  • Le P de philanthrope désintéressé et soucieux du bien public, essentiellement préoccupé de laisser à nos enfants et petits-enfants un monde meilleur
  • Le P de patron ou de pilote, de l’homme qui guide ses subordonnés dans l’action et assume toujours la responsabilité de ses choix ou de ses actes
  • Le P de patriarche ou de pilier. En évoquant le Patriarche comment ne pas avoir en ce moment une pensée pour Anselme CHATELLENAZ, ton beau-père parti en janvier dernier, notre doyen emblématique. Comment ne pas repenser à cette vision de toi lors d’une visite à Anselme où tu nous révélais un nouveau talent que nous n’avions pas encore identifié, celui de cuisinier, et toute l’affection et le respect que tu portais à ton beau-père. En évoquant le pilier tu étais le point d’ancrage de toute la famille Bosson et Chatellenaz, et tu étais tout autant un pilier de notre équipe municipale dans tes responsabilités si complexes d’adjoint en charge de l’urbanisme.
  • Le P enfin de papa et de papy. Il ne peut y avoir autant d’engagement dans la vie professionnelle sans un havre de paix, celui de ta famille que tu as construit avec Marie José. Celui des tes enfants Aurélien et Clément à qui tu as transmis le flambeau de l’exigence et de l’engagement et qui vous rendent tous deux si bien l’amour et la confiance que vous leur avez dispensé. Celui de tes petits enfants Gabriel, Ana, Lou et le petit dernier Pablo qui ne peuvent être présents aujourd’hui mais dont tu étais si rempli de bonheur à leur seule évocation. Nous avons une pensée spéciale pour eux et leurs mamans.

Mon cher Joel au moment de te dire non pas adieu mais au revoir, et en cette église qui nous accueille, je songe évidemment à la parabole des talents, ta vie a été une accumulation de talents.
En mon nom personnel, au nom de la municipalité et des habitants de Publier, des nombreux
élus présents, je t’adresse un immense merci.